Thèse: Les dépenses fiscales au Maroc : contribution à la rationalisation du système des incitations fiscales
De ce dialogue fictif entre le cardinal Mazarin, surintendant et ministre principal de Louis XIV, et celui qu'il fera nommer par le roi contrôleur des finances, Colbert, que faut-il en retenir sinon que, déjà à leur époque, le déficit budgétaire était un problème à résoudre et que, pour ce faire, après un « tripotage » des recettes fiscales qui avait atteint ses limites, il était encore possible d'agir de même, sur les dépenses cette fois-ci, l'Etat ne pouvant être « embastillé pour creusement de dette » ! Etait-ce pour bénéficier de tels conseils que le souverain marocain de l'époque, le sultan Moulay Ismail qui devait faire face aux mêmes problèmes d'équilibre budgétaire", avait demandé en 1699 au Roi-Soleil la main d'une de ses filles, Marie-Anne de Bourbon, princesse de Conti 5, et pouvoir ainsi se rapprocher diplomatiquement, militairement et économiquement de la France ? Si la main de la belle ne lui fût accordée, d'aucuns racontent que les quatre horloges comtoises, que l'on peut encore voir trôner dans le mausolée du sultan à Meknès, lui auraient été offertes par le Roi-Soleil en guise de cadeau de compensation, sinon à titre de « lot de consolation », façon diplomatique d'édulcoration du refus de cette alliance du sultan avec Mademoiselle de Blois ! Après la disparition de Moulay Ismail en 1727, le Maroc connut une période d'anarchie politique et de déclin économique pendant une trentaine d'années, puis une relative stabilité politique jusqu'au début du XIXE siècle. A partir de la fin du premier quart de ce dernier siècle, face à un Maroc affaibli d'un point de vue économique et militaire, la France en particulier va développer une « politique de colonisation » lente et progressive', au départ par la signature de traités commerciaux, puis par des revendications territoriales et des interventions militaires (1844)- rappelons qu'elle était installée en Algérie depuis 1830 jusqu'à l'établissement du régime politique du Protectorat français au Maroc à compter de 1911-1912°, point d'orgue de l'influence française dans l'empire chérifien et conséquence inéluctable de la conjonction de deux évènements importants, l'un financier et l'autre militaire. En ce début de XXe siècle en effet, à l'ère du Sultan Moulay Abdelaziz°, la situation économique embarrassante et le régime fiscal anarchique du Maroc poussent le Makhzen 10 à engager des négociations avec « le consortium des banques françaises en vue de contracter un emprunt de liquidation lui permettant de rembourser une série des petits emprunts. Ces négociations aboutirent en juin 1904 à la signature du contrat d'emprunt gagé par le produit des douanes du Maroc »" puis, suite au Traité 11 d'Algésiras, à accorder à la France la présidence de la Banque centrale marocaine.
Moulay Abdelaziz, affaibli, fût ensuite détrôné par son frère, Moulay Abdelhafid, le 4 janvier 1908, mais ce dernier, comme le précédent, ne put contrôler les soulèvements...